Portraits de colonisés et Mille et Une Bretagnes
Trente ans, c'est un âge mûr, pour se demander ce qui a fait la trame de ce festival au cours de toutes ces années. Il apparaît alors que les colonisations successives, du temps des empires comme aujourd'hui, sont la source de bien des revendications des minorités invitées. On trouve dans ce volet pêle-mêle l’emblématique Afrique 50 de René Vautier ; Loin du Vietnam, film collectif de 1967 ; Combien je vous aime de Azzedine Meddour, film satyrique algérien remarquable ; les zoos humains, les Papous ou le Rwanda... On peut encore espérer avec Tjibaou, le pardon de Gilles Dagneau et Wallès Kotra.
Et puis, en miroir, Mille et une Bretagnes revient sur toutes ces “perles”qui ont balisé la section Bretagne depuis 1978 : Bretonneries pour Kodachrome ou Cochon qui s’en dédit de Jean-Louis Le Tacon, Finis Terrae de Jean Epstein, ou pour ne citer que les documentaires, Léon, Henri et Jo de Charles Véron, Le village au cimetière de Thierry Compain, Paysan et rebelle, un portrait de Bernard Lambert de Christian Rouaud ou le très symbolique Plogoff, des pierres contre des fusils de Félix et Nicole Le Garrec. Sans oublier un clin d’oeil à nos amis d’Outre-Atlantique avec C’était un québécois en Bretagne, madame, du regretté Pierre Perrault.
Côté Bretagne, Delphine Deloget surprend avec No london today, Gulya Mirzoeva étonne avec Sept jours dans la vie du Père Noël, et Serge Steyer questionne dans Huis clos pour un quartier.
Un film emblématique : Léon, Henri et Jo de Charles Véron – 1997 - intégral
Un film tendre, pour dire une Bretagne intérieure trop souvent invisible... une des mille et une Bretagnes.
Notes :
Le livre qui a donné son nom à la section : Portrait du colonisé de Albert Memmi, paru en 1957
Et un beau livre pour arpenter tous les tournages en Bretagne : Le cinéma de Bretagne, de Tangui Perron, où l’on trouve d’autres articles de cet historien du cinéma.
- 2006 : sortie du film Indigènes de Rachid Bouchareb, une fiction qui aura un fort impact sur le gouvernement français et la question des retraites de ces combattants coloniaux.