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Bretons

Les Celtes, dont le nom est mentionné pour la première fois au VIe siècle avant J.-C., existent depuis une époque beaucoup plus reculée. Leur nom recouvre une mosaïque de peuples, parmi lesquels les Brittones, dont le nom pourrait être apparentée au gallo

L’histoire de Bretagne en questions

Celtique ?

Les Celtes, dont le nom est mentionné pour la première fois au VIe siècle avant J.-C., existent depuis une époque beaucoup plus reculée. Leur nom recouvre une mosaïque de peuples, parmi lesquels les Brittones, dont le nom pourrait être apparentée au gallois bryd, « esprit, pensée ». La civilisation celtique se développe au cours du premier millénaire en Europe de l’Ouest à partir des échanges entre plusieurs foyers qui se situent tant sur la façade atlantique qu’au centre de l’Europe (La Tène). Sans unité politique, ils sont liés entre eux par la culture (langues), la religion et la fonction druidique.
Les druidisme n’existe plus depuis deux mille ans (malgré ceux qui prétendent s’en réclamer). En revanche, les langues celtiques sont toujours parlées : le breton et le gallois constituent le rameau brittonique de ces langues, alors que l’écossais et l’irlandais en constituent le rameau gaélique.

Anti-romaine ?

Lors des campagnes militaires de César, des troupes bretonnes de l’île de Bretagne (l’actuelle Grande-Bretagne) prêtent main-forte aux Vénètes en Armorique (l’actuelle Bretagne). Mais une fois vaincus, sur l’île, les Bretons assimilent en partie la civilisation romaine sans pour autant abandonner leur langue. Certains intègrent les nombreuses légions stationnées dans l’île et participent aux aventures militaires de la fin de l’Empire dont la nostalgie est conservée dans les récits anciens (expédition de Maxime et de Conan Mériadec). Rome retire ses dernières légions en 410 et laisse les Bretons, partagés entre la fidélité à la civilisation romaine et le retour à la culture celtique, prendre en main leur destin.

Immigrée ?

Les relations entre l’île et la Gaule n’ont jamais cessé et, à la fin de l’Empire, les mouvements de population s’intensifient. Ils ne sont pas exclusivement cantonnés à l’Armorique puisqu’une soixantaine de colonies bretonnes sont fondées de la Normandie au Rhin, dont le nom nous est resté (Brétigny, Brétignolles, Bretteville, Breteuil, Brittendorf, Brittenheim, etc.). Les immigrés se concentrent cependant plus particulièrement dans la cité des Osismes (Finistère et ouest des Côtes d’Armor) sans doute avec l’accord des autorités gallo-romaines puis gallo-franques. Les Bretons trouvent en Armorique une population qui parle la même langue (au moins chez les Osismes) et est en phase de christianisation comme eux. Il est donc difficile de faire la part de l’autochtonie et de l’immigration dans les origines de cette péninsule que l’on dit souvent périphérique.

Cul-de-sac ?

Dès l’âge du Bronze (-2000) et même au néolithique, les échanges économiques et de population sont constants entre les régions bordant le littoral atlantique. Située au carrefour de voies maritimes, la Bretagne est, par la mer, voisine de tous les pays dotés d’une façade maritime et de ports. Les îles britanniques et la péninsule ibérique sont plus proches d’elle que Paris. Plus encore, les côtes trégorroises sont aussi proches du littoral britannique que de la ville de Rennes…

Indépendante ?

La Bretagne connaît, pendant une dizaine de siècles, une relative indépendance, marquée par les vicissitudes que suscite la convoitise de ses puissants voisins. Aux XIVe et XVe siècles, les ducs affirment leur politique d’indépendance au sein du royaume, en constituant une administration puissante et moderne et en recourant à tous les moyens de propagande de l’époque afin de constituer un sentiment national breton. Si la Bretagne devient néanmoins française, c’est en raison du rapport de force inégal qui oppose le petit duché à un grand royaume.

Annexée ?

Anne de Bretagne se marie en 1490 à l’empereur Maximilien d’Autriche. Toutefois, lors de la campagne française de 1491, l’empereur ne peut venir en aide à sa femme, qui perd Nantes et plusieurs autres villes. Elle est contrainte d’épouser, successivement, deux rois de France, Charles VIII puis Louis XII. Dix-huit ans après la mort de celle-ci, un Edit d’Union est signé, en 1532, qui intègre la Bretagne au domaine royal mais lui garantit des droits fiscaux et juridiques et maintient ses États, son parlement et son autonomie administrative.

Et Nantes ?

Nantes où les derniers ducs avaient installé leur résidence régulière, fait, avec son arrière-pays, partie intégrante de la Bretagne, avant d’être rattachée par Pétain en 1941 à la région d’Angers. La création des régions reprend ce découpage et la Loire-Atlantique est désormais rattachée aux Pays-de-la-Loire, dont Nantes est la capitale. Cependant, selon un sondage réalisé en juillet 2014 par LH2, 70 % des habitants de Loire-Atlantique et 77 % des habitants du reste de la Bretagne souhaiteraient que la Loire-Atlantique revienne en Bretagne dont elle est la région la plus prospère, ce qui conforte le sondage fait par TMO en janvier 2014 à la demande de BCD où 86,5% des Bretons (B5) expriment un fort attachement à la Bretagne.

Pauvre ?

La Bretagne connaît un « âge d’or » économique de la fin du XVe au deuxième tiers du XVIIe siècle. Par son trafic maritime, elle accompagne les grands courants de l’économie européenne. Son essor économique se traduit par un véritable épanouissement culturel et artistique, jusqu’à ce qu’il soit brisé, à partir de la fin du XVIIe siècle. La monarchie absolue fait plier les États de Bretagne et grève la province d’impôts, qui suscitent des révoltes réprimées dans le sang. Le trafic maritime est mis à mal par les conflits qui opposent la France à l’Espagne, la Hollande et l’Angleterre, de 1689 à 1815. Progressivement, la Bretagne s’appauvrit et, à partir du milieu du XIXe siècle, sa population émigre en masse. C’est à cette époque que les clichés relatifs à la Bretagne se figent. Ils font d’elle une région non seulement pauvre, mais religieuse et conservatrice.

Religieuse ?

Le poids de la religion en Bretagne est incontestable. À partir de la fin du IVe siècle, le christianisme assure puissamment – pendant seize siècles – l’encadrement de la société. Certes, la Bretagne est loin d’être homogène et, dès le XVIe siècle, certaines régions commencent à se détacher de la religion. Cependant, l’emprise de l’Église sur la société demeure considérable jusqu’au milieu du XXe siècle. Et même aujourd’hui, où la pratique religieuse s’est effondrée, la Bretagne reste plus marquée par la religion catholique et ses valeurs que bien des régions d’Europe.

Conservatrice ?

L’idée selon laquelle la Bretagne serait une région conservatrice est ancienne et tenace. Elle découle de l’image d’une province entièrement acquise à la chouannerie lors de la Révolution. Or, il n’en est rien. La Bretagne est une terre de contrastes politiques. Si certaines de ses régions font preuve de conservatisme, d’autres, au contraire, se montrent régulièrement progressistes, voire révolutionnaires.

Communautariste ?

La Bretagne est bilingue – celtophone à l’ouest et romanophone à l’est – depuis qu’au IXe siècle, l’empereur franc Charles le Chauve a concédé les cités de Nantes et Rennes aux rois bretons. Mille ans plus tard, de part et d’autre de la frontière linguistique (qui va de Plouha à Vannes), tout le monde se dit aujourd’hui breton. C’est donc qu’être breton ne relève pas de l’appartenance à une « communauté ethnique » mais de la volonté de partager un destin commun.

Mutante ?

En ce début du XXIe siècle, la société bretonne vit une série de profondes transformations qui s’apparentent à une mue. L’économie se cherche un nouveau moteur, qui viendra peut-être des hautes technologies. Le poids des villes se renforce, en particulier celui des métropoles régionales. Les agriculteurs cherchent des issues à la crise qu’ils traversent depuis des années. L’environnement naturel, dégradé pendant des décennies, fait l’objet de toutes les sollicitudes. Et enfin, les Bretons se réconcilient avec eux-mêmes : après s’être longtemps sentis méprisés et en avoir été honteux, ils redécouvrent leur identité et réinventent leur culture. Parviendront-ils à bâtir ensemble un avenir harmonieux ? C’est ce qu’ils semblent chercher. Cependant, l’État paraît redouter toute évolution vers des formes d’autonomie ; quant aux élites politiques régionales, qui donnent l’impression de suivre les évolutions en cours plus que de les devancer, on ne leur connaît pas de grand dessein. Alors, les Bretons devront-ils – et pourront-ils – transformer tout seuls leur mue en projet de société ?

Ronan Le Coadic, Philippe Lanoë

 

Et côté cinéma ?

La Bretagne a une relation avec le cinéma à la fois riche et singulière, dense et sans cesse renouvelée.
Une histoire qui se caractérise tout d'abord par la profusion de tournages sur son territoire, plus de 250 fictions tournées au siècle dernier. On ne citera ici que les plus emblématiques, Jean Grémillon, Jean Epstein, Claude Chabrol, Roman Polanski... Les sources d'inspiration sont multiples, entre légendes, îles, épopées historiques, romances balnéaires ou « bécassineries », révélatrices d'un regard toujours aussi exotisant sur ce territoire et ses habitants.
De cette confrontation avec une image déformée ou réductrice naît, au tournant des années 70, un immense besoin de prendre en charge son image. Les problèmes sociaux, environnementaux de ces années-là vont aussi inspirer et tarauder les réalisateurs bretons : marée noire, nucléaire, grèves, les sujets ne manquent pas et la colère monte. Pionnier parmi tous ces collectifs, l'UPCB de René Vautier et des Le Garrec, le collectif Torr -e-benn de Prado et Le Tacon, cèderont ensuite la place à quantité d'autres structures professionnelles dont Daoulagad Breizh en 1983, la Cinémathèque de Bretagne en 1986 et finalement Films en Bretagne, qui regroupe aujourd'hui la plupart des acteurs de l'audiovisuel.

Les années 90 verront les réalisateurs bretons se confronter à tous les genres possibles, polars, comédies, court-métrages de fiction, délaissant un peu le patrimoine et la culture bretonne, pour y revenir plus tard. Un fort courant d 'animation prend source à Rennes avec deux maisons de production inventives et prolifiques, JPL films et Vivement Lundi. Ces compétences et talents pour l'animation ne se sont depuis pas démentis.
Une des premières vitrines de ce cinéma de Bretagne s'avère être le festival de Cinéma de Douarnenez, dès sa première édition en 1978, alors qu'il s'appelle Festival des minorités nationales. D'autres festivals vont éclore à sa suite : le Festival européen du film court à Brest, Travelling à Rennes, le festival du film d'animation à Betton, le documentaire à Mellionnec... et bien d'autres.

Plutôt que d'aligner noms de réalisateurs et titres de films, nous vous proposons un voyage, bien entendu subjectif et non exhaustif, au fil de la frise chronologique qui revient sur les éditions du festival de Douarnenez. Chaque année évoque un ou plusieurs films bretons restés emblématiques à nos yeux.
Bien évidemment, toutes les autres productions ont contribué à façonner une image de la Bretagne plurielle et complexe, sans cesse renouvelée.

Bibliographie succincte

Crédits photographiques : Charles Veron ("Léon, Henry et Jo"), Gilles Pouliquen