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Rroms

roms, Tsiganes, Manouches, Gitans, Gens du Voyage

Selon la définition du Conseil de l’Europe et de l’Union européenne, le terme «Rrom» désigne l’ensemble des populations immigrées du nord-ouest de l’Inde au premier millénaire. Si ces communautés peuvent être regroupées sous le terme Tsigane, ou plus récemment Rrom, les noms qui servent à les désigner sont multiples : Tsiganes, Manouches, Sinti, Voyageurs ou Gitans...

Les peuples rroms, première minorité ethnique d’Europe (10 à 12 millions de personnes) n’ont cessé, depuis six siècles, de lui apporter, comme chaque peuple la constituant, une contribution humaine, matérielle et culturelle. Ces peuples, sociétés ou familles ont en commun des modes de vie, un rapport au monde, une langue-racine. Ils ont aussi des trajectoires sociales et culturelles liées aux territoires d’appartenance.

Ils ont aussi, malgré eux, en commun de faire l’objet de recommandations spécifiques de la part des institutions européennes, d’être dans chaque état stigmatisés, d’être un peuple mosaïque transnational ...

Des siècles de discriminations

« L’histoire des Tsiganes est celle d’un peuple qui fut à la fois pourchassé et toléré comme une sorte de calamité naturelle récurrente et familière.
Au XIXè siècle, les tsiganes se sont coulés dans la vie rurale en adoptant toutes sortes de métiers. Sédentarisés ou demeurés itinérants, ils font l’objet d’un contrôle policier de plus en plus pressant. L’hostilité populaire se conjugue avec les interrogations suscitées par les origines controversées de ces populations. (...)
Au début du XXe siècle, tous les Etats européens sans aucune exception mettent en place une politique tsigane, donc un enregistrement spécial de familles soit itinérantes, soit jugées par leur mode de vie ou par leurs caractères anthropologiques spécifiques. En France, la loi de 1912 instaure le «régime des nomades» qui enregistrait les familles exerçant un métier itinérant, qu’elles fussent ou non bohémiennes au sens anthropologique du terme. (...)
Pendant la deuxième guerre mondiale, la liquidation aussi brutale qu’anarchique menée par les Allemands, largement aidés par les autorités locales, a dispersé les familles et détruit le tissu d’un enracinement pluriséculaire (...)
Aujourd’hui, une Europe malthusienne regarde leurs familles au mieux comme un archaïsme, au pire comme une menace. »
(Henriette Asséo, historienne)

Aujourd’hui, en Europe

Il existe à présent à l’échelle européenne une « question rrom » que les revendications identitaires transnationales portées par des élites rroms ont fait émerger. Sont-elles ou non porteuses d’équivoques ? Il y a débat.
Les mesures de ségrégation contre les Rroms se multiplient dans l’ensemble de l’Europe, différemment à l’ouest et à l’est, mais partout elles tendent à expulser un « corps étranger ». A cause de leur absence d’état et, du coup, de citoyenneté, on s’intéresse trop souvent à eux d’un point de vue « ethnique » et, de plus, extérieur, sans que la parole leur soit donnée.

« Que sont devenues nos sociétés pour accepter de définir, de concevoir, sans l’ombre d’une hésitation, des hommes par leur appartenance à un « groupe ethnique » ? Ainsi, les confusions sont entretenues entre Gens du voyage, Roms, Gitans, Manouches, tous présentés comme formant une entité figée et unifiée. (...) à l’image des citoyens européens, tout les rend multiples et divers : religions, nationalités, langues, trajectoires et histoires familiales, rapport à l’identité culturelle, activités professionnelles, positionnements politiques... »
(Julie Biro, CCFD et Stéphane Lévêque, FNASAT, Altermondes N°24, 2010)

Les sociétés au miroir de la question rrom

« Les Rroms sont un cas d’école de tous les problèmes liés au fait d’être autre. »
(Marcel Courthiade, linguiste)

« Peuple, nation ou minorité transnationale, les Rroms incarnent le visage de la misère, du rejet ou encore de ceux qui n’ont jamais pu ou voulu s’intégrer. Nombreux débats et programmes ont agité ces vingt dernière années les instances européennes, les états, et les ONG pour savoir comment insérer « les Rroms » à la société majoritaire. La vision essentialiste qui a prévalu a eu pour effet de réduire ces groupes de familles à d’éternelles victimes ou d’éternels coupables.
Or, heureusement, dans la réalité, les sociétés rroms sont bien plus complexes et, dans les Balkans comme ailleurs, les Rroms occupent des places aux différents échelons de la société y compris parmi les artistes ou les intellectuels (...)
Malgré eux, les Rroms sont donc amenés à jouer un rôle de révélateurs des enjeux politiques et sociaux de leurs pays, et parfois plus largement de ceux de l’Union européenne. »
(in les Cahiers du courrier des Balkans N°1, 2012)

En France

Il y a entre 350 000 et 500 000 « Gens du voyage », de nationalité française à plus de 95%. Les Rroms originaires des pays d’Europe de l’Est, Roumanie et Bulgarie principalement, seraient environ 15.000. Les expulsions de Rroms sont passées de 2 000 en 2003 à environ 8 000 en 2008. En 2009, la France a expulsé 10 000 Roms originaires de Roumanie ou de Bulgarie. Le 9 septembre 2010, le Parlement européen a réclamé la suspension de ces retours forcés, contraires au droit communautaire.
Source : les Cahiers du Courrier des Balkans N°1, 2012

L’histoire des Rroms migrants européens et celle des Gens du Voyage n’ont rien de semblable, cependant des confusions s’installent, qui n’ont de cesse aujourd’hui d’être combattues par les Gens du voyage. Ce terme est le terme administratif pour désigner les personnes vivant en France ayant un mode de vie itinérant. Elles doivent être munies d’un livret spécial de circulation qui doit être visé tous les trois mois.

Une culture

« La survie des Rroms est tout sauf un hasard : si cette culture a surmonté cinq siècles de persécution, c’est parce qu’elle était intellectuellement et spirituellement très structurée. (...)
Il y a une contribution rromani à l’Europe du passé et celle d’aujourd’hui, en termes non seulement de musique, mais aussi de remise en question de fausses évidences qui entravent la pensée dominante, de création littéraire et plastique, de stratégie de liberté vis-à-vis de toute territorialité, de médiation plutôt que de décisions autoritaires dans les conflits, de relation au travail valorisé en fonction du résultat et non de formalités routinières, de perception du temps, de l’humour et des liens affectifs – pour ne citer que les plus manifestes des traits qui se dégagent de la culture rromani d’aujourd’hui. »
(Marcel Courthiade)

«L’idéal manouche est de prendre possession de l’univers sans en rien déranger. » (Patrick Williams, ethnologue)

extraits du dossier de presse du 36ème Festival de Cinéma de Douarnenez
Rroms, Tsiganes, Manouches, Gitans, Gens du Voyage
http://www.festival-douarnenez.com/fr/ressources_films/peuples_invites/rroms_tsiganes_voyageurs

 

Et côté cinéma ?

 

Des classiques comme J'ai même rencontré des Tsiganes heureux d'Aleksandar Petrovic, Les Tsiganes montent au ciel de Emil Loteanu, Qui chante là-bas de Slobodan Slijan.

Des films du quotidien : Kriss Romani de Jean Schmidt, Le temps des gitans, vision lyrique d'un monde de boue et de rêves, Le bateau en carton de José Vieira et tous les films de Tony Gatlif, cinéaste gitan.

Des films qui reviennent sur leur histoire mouvementée : Des Français sans histoire de Raphaël Pillosio, Meine Zigueuner Mutter de Therese Ràni, Papusza de Joanna Kos-Krause et Krzysztof Krauze

Des films musicaux qui crèvent les écrans : Guca de Milivej Ilic, Gipsy Caravan de Jasmine Dellal, Iag Bari- Brass on fire de Ralf Marscalleck

De jeunes cinéastes rroms : ceux-ci s'organisent, comme Safir Mustafa, 30 ans, qui pilote depuis le Kosovo le Rolling film festival. En Hongrie, la jeune journaliste rrom Katalin Bàrsony a initié le projet Mundiromani : des films réalisés par les Rroms aux quatre coins de l'Europe, diffusés chaque mois sur la chaîne hongroise Duna, et accessibles en ligne.

Petits ouvrages à lire sur les routes...

Des romanciers rroms, invités de Douarnenez :

Jovan Nikolic, rrom serbe, et  Ruždija Sejdović, Kosovo mon amourL'espace d'un instant, 2004
Stefka Stefanova Nikolova, rrom bulgare, La vie d'une femme rom, Pétra, 2010
Henriette Asséo, Les Tsiganes - Une destinée européenneGallimard, 1994

les articles et livres de Marcel Courthiade
http://www.sildav.org/qhistoire-des-rroms-une-mise-a-jourq-par-marcel-courthiade

la revue Etudes Tsiganes
http://www.etudestsiganes.asso.fr/

le Courrier des Balkans, portail francophone
http://balkans.courriers.info/

Crédits photographiques : Martin Šulík ("Tsigane"), Pal Schiffer ("Gyuri")