Rencontre avec Nicole Le Garrec : chaleureuse, drôle, et engagée.
Le 22 août 2024, au sein du 46ème Festival de cinéma de Douarnenez, Nicole Le Garrec nous faisait le plaisir de répondre aux questions de Martin Yglesias et de Morgane Lincy-Fercot. La conversation de ces trois-là était fluide et, grâce à Nicole, drôle à bien des moments. Vous pouvez visionner la rencontre ici . Ou, parce que c'est le Mois du Doc, vous plonger aussi dans celle avec Marie Hélia ou celle avec Jean-Jacques Rault. Deux autres cinéastes bretons, connus pour leur engagement et leurs documentaires attachants.
Ce jour-là, devant une salle comble, Nicole est revenue avec simplicité sur son enfance dans le pays bigouden, où elle naît en 1942. Les parents paysans, l'oralité omni-présente et les conteurs à la ferme, l'influence de Pierre Jakez Hélias. Surviendra la rencontre avec Félix le Garrec, compagnon de toujours. Elle aime qu'il lui ait dit un jour "je serai boulanger s'il le faut, mais poursuivons nos rêves". Justement, leur rêve commun, c'est de faire de Kerlamen, où ils vivent toujours, une ferme-cinéma. Ils y arriveront, y élevant leurs filles, y accueillant les monteuses des films à l'instar de Claire Simon venue là faire le montage de Plogoff . En 1969, ils créent avec René Vautier, complice de beaucoup de leurs projets, le collectif UPCB. De grands films vont naître au sein de ce terreau : La folle de Toujane, Plogoff des pierres contre des fusils, mais aussi Mourir pour des images de Vautier ... et tant d'autres.
Nicole transmet ce jour-là quantité de savoureuses anecdotes. Jacques Perrin, qui s'apprête à produire le film Z, avec Costa-Gavras, passe en personne chez Marilou, la crêpière voisine du magasin de photos de Félix, et laisse un message. Le soir même, Félix prend ses appareils photos et sa brosse à dents, et se met en route. Ou bien : " J'avais planqué l'argent des séances de Plogoff entre les piles de draps. Puis oublié. Un Noël où nous étions complétement fauchés, je suis retombée dessus..." De la langue bretonne, Nicole dit : " J'ai peur que la langue disparaisse, alors je n'y vais pas par quatre chemins. je me souviens que mon père ne savait pas rire en français... " Et en guise de conclusion, elle s'adresse aux plus jeunes : " Tout se joue dans un combat, ce n'est jamais perdu d'avance. Je dis cela parce qu'il y aura sans doute d'autres combats." Merci Nicole Le Garrec !
Pour continuer le chemin, les amis de Félix et Nicole Le Garrec : une association qui travaille à la préservation et à la diffusion de leurs travaux.
Merci à Daoulagad Breizh pour ces belles initiatives, et pour le partage.