Tahani Rached
Entre Canada et Egypte
Égyptienne de naissance et de cœur, Tahani Rached a longtemps vécu au Québec, où elle tourne son premier film, dont le titre reste emblématique : Pour faire changement ! Celle qui voulait, enfant, être peintre, a eu raison de choisir la caméra pour dépeindre ses semblables, ses voisins, les femmes du camp d’à côté. Mais aussi les filles de la rue, qu’elle croque dans son merveilleux film El-Banate Dol, tourné dans les rues du Caire en 2008. Tahani aime indéniablement « être avec les gens, ce sont eux qui me permettent d’espérer ».
C’est en 1966 que Tahani Rached s’installe au Québec, où elle s’inscrit aux Beaux-Arts. Devenue animatrice sociale dans des quartiers ouvriers, elle en gardera visiblement une forte empreinte. Mais c’est le cinéma qui va gagner son cœur, et dès 1973, elle va suivre cette route. Une route qui, si elle la mène loin de ses origines arabes, en Haïti par exemple, va aussi la ramener en Égypte des années plus tard. Entre-temps, il y aura eu un long passage comme cinéaste à l’Office national du film du Canada, de 1981 à 2004.
Tahani ne recule devant aucun thème dit sensible : les travailleurs émigrés, et en particulier les Haïtiens émigrés au Canada, sont au cœur de Les Voleurs de jobs, un premier long-métrage destiné à démonter les poncifs et à faire reculer la peur. La guerre, l’exil, les questions d’identité et d’acculturation reviennent irriguer toute son œuvre. Car œuvre il y a, au fil des ans, à dépeindre ainsi ses concitoyens, où qu’ils soient, dans les bidonvilles comme dans les quartiers chics. À travers chants (2001), ou Soraida, une femme de Palestine (2003), autant de quêtes pour la beauté de l’âme.
« Je me contente de tendre l’oreille, une oreille grande ouverte pour entendre ce que les gens ont à raconter.
J’aime, moi-même, que l’on me raconte des histoires. Il faut juste, à chaque film, se reposer la question : Comment vais-je raconter cette histoire ? Prendre le temps de chercher, d’y répondre, et l’on découvre alors que chaque film a sa propre écriture. »
Alors Tahani tourne, à Beyrouth, qu’elle aime pour sa vitalité si particulière, et auquel elle rend un bel hommage dans Beyrouth, à défaut d’être mort, en 1983. Elle met en images et en chansons les ressources des plus démunis dans Au Chic Resto Pop en 1990, le combat d’un médecin du sida dans Médecins du cœur en 1993 ou les combats acharnés des urgentistes dans Urgence ! Deuxième souffle en 1999. Entre-temps, il y aura eu la parenthèse de Quatre femmes d’Égypte en 1997, un film réquisitoire pour la tolérance, une valeur chère à Tahani. Pour elle, si l’Occident affiche avec morgue un niveau de vie plus aisé, l’Orient, en revanche, a gardé plus ancré en lui le sens de la solidarité.
Tahani mène sa barque sans se soucier de ce qu’on en dira. Elle a cette très belle phrase, transmise par sa mère et sa grand-mère qui l’ont élevée : « Personne n’a le droit de t’enfermer dans son regard. » Est-ce pour cela qu’elle filme avec tant d’empathie les filles de la rue du Caire, qui affrontent leur destin avec force et volonté ?
« Je les admire, elles ne sont pas des victimes, elles font face ! »
On sent bien qu’elle admire ses protagonistes, elle qui a passé plus de trois mois sur les trottoirs cairotes avec les jeunes femmes, grâce à la complicité de Hind, une femme dévouée à cette cause. C’est seulement après qu’elle les a filmées…
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