Helvètes Underground
Voyage au pays des clichés : c'est ce qui était proposé en cet été 2022, sous le titre humoristique de « Helvètes Underground » : ce n'était pas une blague mais plutôt un moment privilégié pour apprécier la qualité du cinéma suisse, sa diversité, son humour indéniable et sa finesse. Cette sélection de films était intelligemment éclairée par Frédéric Maire, directeur de la Cinémathèque Suisse, venu à Douarnenez pour présenter nombre de séances. Pour lui, deux grands moments des cinémas suisses : avant et après le grand chambardement des années 60. Avant, des films de montagne et des films fondateurs de la nation, patriotiques en diable (les heimatfilme).
Après 1964, date d'une installation de Henry Brandt intitulée La Suisse s'interroge, les précurseurs ont nom Alain Tanner (Charles mort ou vif, La salamandre), Michel Soutter, Claude Goretta (L'invitation), Jean-Louis Roy (L'inconnu de Shandigor) suivi par les vaudois Yves Yersin (Les petites fugues) et Francis Reusser (Le grand soir) ; chacun à sa manière, ils vont interroger et remettre en question la confortable société helvétique. La TSR, télévision suisse romande, va très vite les soutenir. Versant alémanique, le documentaire domine, avec Alexandre Seiler (Siamo italiani), Walter Marti, Rémi Mertens. La fiction suivra.
En 1977, Richard Dindo et d'autres attaquent le mythe de la neutralité, le secret bancaire, la paix sociale. Les grandes questions de la société helvétique vont être abordées non sans humour avec De la cuisine au parlement de Stéphane Goël, Babylon 2 de Samir, Le génie helvétique de Jean-Stéphane Breton, Jean Ziegler, l'optimisme de la volonté de Nicolas Wadimoff, La forteresse de Fernand Melgar, La mif de Frédéric Baillif, Kalvingrad de Vanessa Decouvette, Nos utopies communautaires de Pierre-Yves Borgeaud...
Beaucoup de magnifiques réalisations de femmes ou sur les femmes : Belle de nuit, Grisélidis Réal de Marie Eve de Grave, qui répond à Je les aime tous de Guillaume Kozakiewicz sur cette prostituée écrivaine sans pareille, la cinéaste Carole Roussopoulos (Qui a peur des amazones ?), la réalisatrice Ursula Meier et ses fictions tendres et caustiques à la fois(Home, L'enfant d'en haut)...
Côté Bretagne :
Itinéraires de vie,une séance conçue pour valoriser le format court,alaissé place à l'éclectisme : animation, documentaire, récit autobiographique, fiction. Des parcours de vie, qui nous ont ramené à l’adolescence et ses premiers émois, à l’âge adulte et aux tensions familiales, à la maladie et notre réflexion sur le monde actuel.
Au sein du Focus Marie Hélia, qui rendait hommage à cette réalisatrice (voir son portrait sur BED) Mission E-TY a permis d'embarquer pour un voyage spatio-temporel unique : vadrouille sur les routes bretonnes, entre villes et campagnes, mariages en coiffe et vacances en cerf-volant, sourires d’enfants et grimaces de mazout, sardinières et remembrement, à partir d’images réalisées par des cinéastes amateurs depuis 1908, conservées à la Cinémathèque de Bretagne, et remarquablement montées par Emmanuelle Pencalet...